Voila 30 ans qu’elle voyage et qu’elle remplit ses valises de trésors, de musiques et de poésies. Chanteuse, elle l’est depuis son plus jeune âge, au sein de chœurs d’enfants puis, très vite, comme soliste. Ce qui saute aux oreilles en écoutant cette jeune femme c’est un caractère bien affirmé doublé d’une assurance dans la voix et dans les doigts. Avec ses camarades elle inventait dèjà des univers, des mises en scène, jouant du piano ou de la guitare en passant par la flute ou le hautbois.

Tamara Mozes vient d’un pays de musique, un pays marqué par Kodàly, Liszt, Bartok, Ligeti pour n’en citer que quelques uns. Tamara est donc née en Hongrie, au centre de l’Europe où se croisent musiques savantes et folkloriques. Elle ne perdra jamais le goût du jeu, ni pendant ses longues études de piano classique, d’harmonie, de chant, ni quand elle commence à se produire seule pour des récitals classiques.

Budapest, Paris, Anvers et toujours une personnalité qui grandit, de conservatoires en universités, de clubs en festivals. Elle marche sur les traces de ses aînées Patricia Barber, Shirley Horn, Rachel Ferrell, Aziza Mustafa Zadeh, des références qu’elle cite volontiers. Sa marque à elle est certainement à chercher dans la faç on dont elle tend et détend toutes les cordes dont elle dispose, celles de sa voix, celles du clavier. A la fois piano et voix, machine à chanter et frapper, pourvoyeuse en basses ronflantes et mélodies enthousiastes, elle s’appuie sur son clavier pour donner de l’élan à sa voix élastique. Sensuelle et lascive dans l’instant d’après, elle visite jazz et pop avec la même gourmandise. Mieux, elle plie les références et les modèles à sa guise et tresse des compositions enlevées servies par une technique époustouflante.

MOOZING sort chez Yolk, dont le concept est de faire du beau avec du beau, le label co-fondé par Sébastien Boisseau avec qui Tamara a collaboré pour jouer sous la direction de Gabor Gado un autre hongrois talentueux. MOOZING est un album aux tableaux très différents révélants autant la pianiste, la chanteuse, que l’auteur et le compositeur. Un subtil équilibre entre une musique très construite et des textes emprunts d’abstraction, des dynamiques extrêmes, des rythmiques généreuses, des ruptures surprenantes qui convoquent Jamie Cullum, Nina Hagen, Joni Mitchell et Lauren Newton dans une toile de Claude Monnet.