La virtuosité et l’inventivité de Medvedkine font du « Bonheur » un film évidemment autonome , il n’a nul besoin de musique pour passionner . Cela pourrait paraître paradoxale mais c’est un élément très « libérateur » pour un compositeur qui commence à travailler . Qui dit film autonome dit possibilité d’une musique autonome .
La musique composée par Jean-Yves Evrard est une succession de « trompes-l’oreille »,tant dans la fonction que dans les différents idiomes musicaux utilisés ; quand on a l’impression d’entendre un accompagnement « traditionnel » on bascule dans un univers musical qui semble complétement en décalage ou dans un long silence qui fait éclater les « sons filmés » par Medvedkine .. Faux répertoire de danses populaires, évocations de musiques savantes qui se muent en .musiques electriques naives et violentes , les frontières entre accompagnement , commentaires et interprétation en temps réel tombent . La modernité poétique du film en ressort encore plus évidente.